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Page:Condorcet - Discours sur les conventions nationales.djvu/12

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cet outrage, afin de prouver combien peu vous l’aviez merité, et montrez, par votre conduite, combien se trompent ceux qui ont le malheur de croire encore qu’il existe quelque liaison entre le paiement d’un impôt et le talent de faire de bons choix, entre de l’argent et des vertus. Reposez-vous sur les progrès de la raison, le foible est sûr de gagner sa cause au tribunal de ce juge incorruptible.

Ainsi, par l’établissement d’une convention, on peut aisément concilier, et la liberté des opinions, et la soumission aux lois. On ne peut accuser celui qui prépare les esprits à des changemens que la loi, elle-même, a permis de solliciter ; et d’un autre côté, on ne seroit pas excusable de se refuser à des lois dont on a des moyens légitimes d’obtenir la révision. Négligez cette institution, et il faut, ou permettre d’opposer la force aux mauvaises lois, ou empêcher d’éclairer le peuple sur leurs défauts. Il faut ou souffrir la tyrannie, ou rester exposé aux mouvemens de la liberté indignée.

On a dit qu’en établissant une convention, en ne la remettant pas à un tems éloigné, il étoit à craindre que la constitution française ne fût renversée ; que par-là on donnoit des