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sacrer cet insolent et absurde langage ; c’est lorsque les hommes sont appellés à jouir de tous leurs droits qu’on ne pourroit sans crime leur parler des moyens de les exercer. C’est lorsque le peuple a repris sa souveraineté, qu’il seroit criminel de chercher à l’éclairer, comme si c’étoit pour lui et non pour ses tyrans que la vérité peut être dangereuse. Par quelle fatalité, en devenant libres, serions-nous obligés de renoncer à l’indépendance de nos opinions ?

Loin de nous pour jamais ces maximes de la vieille tyrannie. Qu’importe à l’éternelle vérité que des hommes, revêtus d’une puissance passagère, la méconnoissent ou la craignent ? Ceux qui ont reçu de la nature la faculté de la répandre et le courage de la dire, en ont aussi reçu la mission, et rien ne les empêchera de la remplir.