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des bleds, qu’il semble que de ne rien faire, ce soit une action extraordinaire & nouvelle. C’est que, réellement, il y a beaucoup à faire pour ôter à la liberté les entraves dont l’ignorance, l’avidité, & des manœuvres perfides l’ont embarrassée. Ainsi, l’on a cru que pour rendre à l’homme ses droits naturels, il falloit prouver que son utilité le demandoit, comme s’il avoit été question de lui imposer le sacrifice de ces droits.

La liberté peut occasionner des disettes & des séditions, disent ses adversaires.

Les disettes & les séditions, répondent ses partisans, sont presque toujours l’effet des mauvaises loix.

Chacune de ces assertions est appuyée sur des raisons. Chacune est défendue par des gens éclairés. Supposons les raisons & les lumieres égales de part & d’autre ; c’est encore le parti de la liberté que devroit suivre le Gouvernement.

Mais le rétablissement de la liberté previendra-t-il les disettes & les séditions ?