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Page:Condorcet - Réflexions sur l’esclavage des nègres, 1781.djvu/45

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sur l’esclavage des Negres

un impôt, levé sur les ſeules terres des colons.

4.o Comme il ſeroit à craindre que les Negres, accoutumés à n’obéir qu’à la force & au caprice, ne puſſent être contenus, dans le premier moment, par les mêmes loix que les Blancs ; qu’ils ne formaſſent des attroupemens, qu’ils ne se livraſſent au vol, à des vengeances particulieres & à une vie vagabonde dans les forêts & les montagnes ; que ces déſordres ne fuſſent fomentés en ſecret par les Blancs, qui eſpéreroient en tirer un prétexte pour obtenir le rétablissement de l’esclavage : il faudroit aſſujettir les Negres, pendant les premiers tems, à une discipline sévere, réglée par des loix ; il faudroit confier l’exercice du pouvoir à un homme humain, ferme, éclairé, incorruptible, qui ſut avoir de l’indulgence pour l’ivresse où ce changement d’état plongeroit les Negres ; mais sans leur laiſſer l’eſpérance de l’impunité, & qui mépriſât également l’or des Blancs, leurs intrigues & leurs menaces.

5.o Il faudroit peut-être se résoudre à perdre, en partie, la récolte d’une année. Ce n’est point par rapport aux propriétaires que