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Réflexions

erreur, eſt toujours une choſe juſte. Le maître eſt dans le cas d’un homme à qui l’on auroit permis de voler, sur un grand chemin, toutes les femmes qui ne ſeroient pas groſſes, & à qui on feroit reſtituer ce qu’il a volé à l’une d’elles, parce qu’on ſe ſeroit trompé sur ſon état. Quant aux alimens exigés du maître, quelle que ſoit la cause de l’état d’infirmité où ſe trouve un eſclave, il eſt de l’exacte juſtice d’obliger le maître à lui donner des alimens, parce que l’on peut toujours ſupposer que ſi l’eſclave eût été libre, & né de parens libres, il eût pu épargner ou hériter un pécule ſuffisant pour ſubvenir à ſes beſoins.

On déclareroit libres à quarante ans, les Negres qui ſeroient au-deſſous de quinze ans, au moment de la publication de la loi. Quant à ceux qui ſeroient alors au-deſſus de quinze ans, du moment où ils auroient atteint cinquante ans, il leur ſeroit demandé, à une visite générale faite deux fois chaque année, ce qu’ils préferent, ou de reſter chez leur maître, ou d’entrer dans un établiſſement public, dans lequel ils ſeroient nourris ; & s’ils choiſiſſent cette maiſon, leur maître qui