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Page:Condorcet - Réflexions sur l’esclavage des nègres, 1781.djvu/72

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Réflexions

mes ſouillés d’un crime public, qu’ils renouvellent tous les jours. Il n’y a pas de milieu, tout prêtre chrétien qui ne refuſe pas, ſoit la ſainte Cene, ſoit l’abſolution à un poſſeſſeur d’eſclaves, ou n’a point l’idée des devoirs de ſon état, ou a vendu sa conſcience à l’iniquité[1].

Parmi les médecins qui paſſent la mer, il y en a un grand nombre qui n’ont été entraînés que par l’envie de voir des choſes nouvelles, & ſi le gouvernement les choiſit avec ſoin, il peut trouver parmi eux des véritables amis de l’humanité. Il ſuffiroit enſuite d’avoir, dans chaque colonie, un défenſeur de la cause des Negres, & alors l’on pourroit ſe flatter que les loix, en leur faveur, ſeroient exécutées. Cette derniere condition

  1. Quoique miniſtre d’une autre communion, nous croyons devoir rendre justice à un moine François, de l’ordre des freres prêcheurs. Dans un ouvrage publié il y a quelques années, ſur la colonie de St. Domingue, il a eu le courage de préſenter un tableau vrai de l’horrible barbarie exercée contre les Negres, & une réfutation des calomnies que leurs maîtres s’occupent d’accréditer contre eux en Europe.