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Page:Condorcet - Réflexions sur l’esclavage des nègres, 1781.djvu/99

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sur l’esclavage des Negres

on briſe des hommes vivans, d’un bout de leurs états à l’autre, parce que ces ſouverains ſe conduiſent, non d’après leur propre cœur, mais d’après les préjugés ou la politique

    n’a eu de lumieres plus étendues, plus variées ; perſonne n’a eu le courage d’approfondir plus d’objets différens, n’a remonté plus loin vers les premiers principes de toutes les connoiſſances, n’en a ſuivi les conſéquences avec plus de ſagacité & de juſteſſe. Il ſeroit difficile de nommer une queſtion importante ſur laquelle il n’eut une opinion arrêtée, qu’il ſ’étoit formée d’après lui-même, ou qu’il ne put reſoudre d’après ſes principes. Jamais homme n’a poſſedé un eſprit plus étendu, plus profond, plus juſte, une ame plus douce, plus pure, plus courageuſe. Peut-être a-t-il exiſté des hommes d’un auſſi grand génie, d’autres auſſi vertueux, auſſi grands, mais jamais dans aucun la nature humaine n’a plus approché de la perfection.

    Ceux qui, pendant ſa vie, l’ont haï à cauſe du bien qu’il pouvoit faire, ceux qui, dans le délire de leur orgueil, ont oſé être jaloux de lui, pardonneront, à préſent qu’il n’eſt plus à craindre, le témoignage que rend à ſa mémoire un étranger qu’uniſſoit avec lui une paſſion commune pour le bien de l’humanité, & qui, dans ſes voyages en France, a joui du bonheur de l’entendre développer ſes vues & montrer ſon ame toute entiere.