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Page:Condorcet - Réflexions sur les affaires publiques par une société de citoyens.pdf/16

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former un corps ſéparé, en lui reprochant de vouloir en être un, ſe font dit la Nation en rejettant de leur ſein des Membres de la Nation ; tandis que d’autres profitoient de l’ignorance de la Nobleſſe, l’étourdiſſoient de la néceſſité de la diſtinction des Ordres ; lui crioient que tout étoit perdu, ſans la diviſion de l’Aſſemblée Nationale en trois corps, armés chacun d’un droit négatif en faveur de leurs prétentions, & contre l’intérêt commun ; lui montroient le retour annuel des Aſſemblées Nationales comme un fantôme effrayant ; lui rendoient ſuſpects tout ce que dans ſon ſein elle renferme d’hommes vraiment éclairés, de Citoyens vraiment zélés pour le bien public, & dirigeoient ſes choix avec adreſſe vers ceux qui partageoient leurs préjugés, n’étoient pas aſſez adroits pour démêler leurs pièges, ſur ceux enfin dont ils eſpéroient faire les aveugles inſtrumens du projet anti-patriotique, de conſerver aux Cours Souveraines les prérogatives qu’elles ont uſurpées, & de les élever ſur les débris des Aſſemblées Nationales, condamnées à de longs intervalles, & bientôt retombées dans l’oubli.

Voilà ce que tout homme inſtruit a pu obſerver dans les Aſſemblées de la Nobleſſe,