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La délibération par Ordre me paroît contraire à la raiſon, aux intérêts de la Nation, ſur-tout à ceux de la Nobleſſe ; elle ne peut être ſoutenue que par des Nobles ſéduits par des ſophiſtes qui voient, dans l’exiſtence d’une Aſſemblée Nationale, la chûte d’une autorité qu’ils n’oſent plus réclamer hautement, mais qu’ils eſpèrent reſaiſir au milieu des troubles. Mais il n’en eſt pas moins vrai que, vu la forme de la convocation des États actuels, & les réſolutions inſpirées au Tiers-État, le vœu ſéparé de la Nobleſſe ne peut être rejette ſans injuſtice ; & le Tiers-État, qui n’a voulu être qu’une partie lorſqu’il étoit réellement le tout, a perdu, par cette imprudence, le droit de ſoumettre le reſte des Citoyens au vœu de ſes Repréſentans.

Quels remèdes faut-il donc adopter ? En voici deux que l’on prend la liberté de propoſer.

Que les Députés du Peuple reviennent aux véritables principes de la Conſtitution des États ; alors ils déclareront, 1o . qu’aucune Aſſemblée élue & convoquée par Ordres ſéparés, ne peut repréſenter une Nation, ſi cette forme n’a été préalablement adoptée & conſacrée par une