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Page:Condorcet - Réflexions sur les affaires publiques par une société de citoyens.pdf/38

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même motif n’a pas lien ici. Nos Planteurs ne ſont qu’une très-petite partie de la Nation ; & cette excluſion auroit l’avantage de dégoûter de ce genre de propriété les hommes que leur naiſſance, leur état devroit éloigner d’une ſource de richeſſes ſouillée de ſang & de larmes, alimentée par des crimes qui révoltent l’honneur autant que la nature.

Mais ſi une telle Loi eſt contraire aux droits des Citoyens, qui ne doivent pas être gênés dans le choix de leurs Repréſentans, qui doivent être libres de choiſir un Planteur, dès qu’ils croient que ſon intérêt & ſon honneur ſuffiront pour qu’il rejette, à l’égard des blancs en Europe, les principes qu’il adopte à l’égard des noirs en Amérique ; du moins eſt-il conſtant que toute claſſe d’hommes profeſſant néceſſairement des principes contraires au droit naturel, doit être privée de l’exercice du droit de cité.

Dans le premier cas, les Électeurs reconnoiſſant eux-mêmes les principes du droit naturel, chargent tel individu qu’il leur plaît de voter ſuivant ces principes. S’ils le choiſiſſent, quoiqu’il en profeſſe d’autres publiquement, c’eſt ſans doute dans la perſuaſion qu’il agira ſuivant leurs principes, & non d’après