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Page:Condorcet - Réflexions sur les affaires publiques par une société de citoyens.pdf/45

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Sur la forme des Délibérations.

On n’a fait juſqu’ici, contre la réunion des États Généraux dans une Chambre unique, qu’une ſeule objection qui paroiſſe mériter une réponſe.

Aucun vœu national n’a conſacré l’uſage de délibérer par Ordres ; & ceux même qui ont eſſayé de prouver par l’Hiſtoire l’ancienneté & la conſtance de cet uſage, n’ont prouvé qu’une ignorance égale de l’Hiſtoire & des principes du droit naturel[1].

Les prérogatives, les diſtinctions ne ſont légitimes qu’autant qu’elles ſont utiles à ceux qui en ſont privés, & qui ſeuls ſont juges compétens de cette utilité. Si cette propoſition n’eſt pas évidente, le droit naturel n’eſt plus qu’un vain nom. Il eſt donc abſurde de donner pour motif à la délibération par Ordre, la crainte que le Tiers-État ne trouvât trop de facilités pour détruire des privilèges qui lui

  1. Voyez le Cahier de Madon.