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Page:Condorcet - Réflexions sur les affaires publiques par une société de citoyens.pdf/46

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paroiſſent onéreux. En effet, pour obſerver une juſtice rigoureuſe, il faudroit au contraire qu’il eût ſeul le droit de voter ſur cet objet ; & que les Ordres qui ont dans cette diſcuſſion un intérêt contraire à l’intérêt commun, fuſſent exclus de ces délibérations.

C’eſt vainement que, d’après Monteſquieu, on répete qu’il faut des diſtinctions dans une Monarchie.

Si on entend une Monarchie abſolue, ces diſtinctions, en rapprochant quelques hommes du Monarque, en lui faiſant éprouver, à quelques égards, le beſoin d’une Société, & ce qui en eſt la ſuite, celui de l’opinion, en créant un crédit perſonnel, qui rend les Miniſtres plus timides, adouciſſent, ſans doute, l’exercice de l’autorité, & lui oppoſent la barrière des mœurs au défaut de celle des Loix : encore le Peuple achete-t-il bien cherement ce foible avantage, qui ſe borne pour lui à n’être opprimé qu’avec méthode. Mais s’il exiſte une Aſſemblée Nationale, & ſur-tout différens ordres d’Aſſemblées repréſentatives, ces diſtinctions ceſſent d’être utiles, & ne ſervent plus qu’à corrompre la Nation.

Indépendamment de la réſiſtance légale que ces Aſſemblées oppoſent au pouvoir arbitraire,