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Page:Condorcet - Sur le choix des ministres.pdf/13

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d’appeller du Corps légiſlatif égaré ou ſurpris, au Corps légiſlatif inſtruit & paiſible.

Alors on peut demander s’il doit être un appel à une légiſlature différente, de manière que la Nation inſtruite de la diſcuſſion, puiſſe, en choiſiſſant de nouveaux repréſentans, avoir égard à leur opinion, & qu’ainſi la queſtion ſoit en quelque ſorte jugée par la Nation ; ou bien s’il faut que cet appel puiſſe être porté à la même Légiſlature qui alors péſeroit les motifs d’oppoſition, & ſe décideroit d’après l’opinion publique.

Le dernier parti me paroît préférable. En effet, la loi qui donne lieu à cet appel eſt de nature à intéreſſer vivement la maſſe des Citoyens, ou elle ne l’eſt pas. Dans le premier cas, au moment de la réélection, il ſuffira pour ſe faire nominer, de ſe montrer un partiſan zélé de l’opinion dominante. On n’élira pas le plus éclairé, mais celui qui ſur une queſtion particulière a fait ſemblant d’adopter tel ou tel parti. Si la diſcuſſion n’agite pas la Nation, on élira comme à l’ordinaire, & alors l’objet de cet appel ne ſera pas rempli. Mais il arrivera que les intriguans, les ambitieux tâcheront d’exciter du mouvement ſur chaque loi refuſée, eſſaieront de la lier à la cauſe de la liberté. N’avons-nous pas vu il y a quel