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Page:Condorcet - Sur le choix des ministres.pdf/15

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cette circonſtance néceſſiteroit-elle un appel à la Nation ? Pourquoi ſuppoſer que les loix auxquelles le miniſtère s’oppoſe ſont préciſément celles qui mettent la liberté en danger ? Ce qui eſt vraiment utile, c’eſt qu’une loi ne paſſe pas ſans un mûr examen, non plus que la loi contraire ; & en atteindra bien mieux ce but en établiſſant une lutte d’opinions entre le Corps légiſlatif & le Conſeil du Monarque qu’en retardant la déciſion pendant quelques années.

Mais dans les deux cas, le moyen propoſé pour choiſir les agens du Pouvoir exécutif, remédie aux inconvéniens du droit négatif accordé au conſeil du Monarque, puiſqu’il en réſulte l’impoſſibilité d’une autre diviſion que celle d’opinion entre ce Conſeil & le Corps légiſlatif. En effet, l’excluſion celui-ci peut donner à une partie des éligibles, éloigne toute diviſion de parti & même de principes. Ainſi, cette forme conſerve ce qui eſt utile, ce qui peut prévenir les erreurs des légiſlatures, & elle écarte ce qui eſt nuiſible.

Il eſt ſans doute ſuperflu de prouver que l’oppoſition de deux partis n’eſt jamais pour la liberté qu’une barrière illuſoire, & que l’accord & non la lutte des pouvoirs politiques, et le but d’une