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Page:Condorcet - Sur le choix des ministres.pdf/19

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employer ; contraints dès lors de céder au premier mécontentement, la corruption s’eſt offerte à eux comme le moyen de conſerver leur place ; & la corruption une fois établie en a rendu l’uſage habituel & néceſſaire.

Craindroit-on les intrigues de ces Miniſtres déſignés ? Non, ſans doute ; car cette déſignation n’aura d’autre effet que de circonſcrire ces intrigues & de les rendre plus difficiles, en fixant les regards du public ſur ceux qui peuvent être tentés de s’y livrer. Sans doute cette forme ſeroit mauvaiſe, ſi on n’établiſſoit pas un mode d’élection qui, propre à indiquer le véritable vœu des Électeurs, fût combiné avec ſoin ſur le nombre des votans, ſur celui des choix à former, ſur le véritable objet de l’élection. Juſqu’ici les méthodes d’élire ont été copiées d’après la forme évidemment abſurde, imaginée par les Miniſtres lors de la convocation des États-Généraux, ou choiſies au haſard entre des formes bonnes en elles-mêmes, mais qu’une application faite ſans examen a rendu illuſoires. Ce n’eſt donc point d’après le réſultat des élections faites juſqu’ici, qu’on doit juger de la bonté des choix qu’on peur eſpérer d’une élection faite par la Légiſlature,