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Page:Condorcet - Sur le choix des ministres.pdf/21

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Enfin, ſi cette concurrence de la Légiſlature n’eſt qu’utile dans une Conſtitution libre & Monarchique déjà conſacrée par le temps, elle devient preſque néceſſaire au moment où cette Conſtitution remplace une Monarchie abſolue ; elle détruit cette défiance qui, autrement, s’éleveroit ſans ceſſe contre les Miniſtres, empêcheroit de donner au Gouvernement l’activité néceſſaire, & ſeroit naître bientôt la tyrannie des factions ; elle ôte tout prétexte à ces projets inſenſés & coupables de Régence, de Protectorat, de Lieutenance générale qui, dans preſque toutes les révolutions, ont été l’écueil de la liberté. Le patriotiſme, dans un pays libre, ne conſiſte pas à crier contre l’autorité des Miniſtres, car ils n’ont que celle qui leur eſt confiée ; mais examiner ſi la loi ne lui a pas donné trop d’étendue ; il ne conſiſte pas à s’élever

    Ainſi, par exemple, s’il faut ſoixante noms & qu’il y ait huit places de Miniſtres, on fera deux élections, dont chacune donneroit 30 noms ; s’il faut ſoixante noms & qu’il y ait ſix places de Miniſtres, on ſeroit trois élections, chacune pour vingt noms.

    Quant aux excluſions, chacun indiqueroit de même ſur des liſtes numérotées le nom de ceux qu’il rejette juſqu’à la concurrence du cinquième des noms qui ſont portés ſur la liſte, & ceux qui auroient contr’eux plus de la moitié des voix ſeroient exclus.