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pape, d’absoudre du crime et d’en vendre le pardon ; l’insolent despotisme qu’il exerçoit sur les évêques, long-temps ses égaux ; la cène fraternelle des premiers chrétiens, devenue, sous le nom de messe, une espèce d’opération magique et un objet de commerce ; les prêtres condamnés à la corruption d’un célibat irrévocable ; cette loi barbare ou scandaleuse s’étendant à ces moines, à ces religieuses, dont l’ambition pontificale avoit inondé et souillé l’église ; tous les secrets des laïcs, livrés par la confession aux intrigues et aux passions des prêtres ; Dieu lui même, enfin, conservant à peine une foible portion dans ces adorations prodiguées à du pain, à des hommes, à des ossemens ou à des statues.

Luther annonçoit aux peuples étonnés, que ces institutions révoltantes n’étoient point le christianisme, mais en étoient la dépravation et la honte, et que, pour être fidèle à la religion de Jésus-Christ, il falloit commencer par abjurer celle de ses prêtres. Il employoit également les armes de la dialectique ou de l’érudition, et les traits non moins puissans du ridicule. Il écrivoit à la