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L’histoire nous montrera, durant cette époque, peu de progrès réels vers la liberté, mais plus d’ordre et plus de force dans les gouvernemens, et dans les nations un sentiment plus fort et sur-tout plus juste de leurs droits. Les lois sont mieux combinées ; elles paroissent moins souvent l’ouvrage informe des circonstances et du caprice : elles sont faites par des savans, si elles ne le sont pas encore par des philosophes.

Les mouvemens populaires, les révolutions qui avoient agité les républiques d’Italie, l’Angleterre et la France, devoient attirer les regards des philosophes vers cette partie de la politique, qui consiste à observer et à prévoir les effets que les constitutions, les lois, les institutions publiques, peuvent avoir sur la liberté des peuples, sur la prospérité, sur la force des états, sur la conservation de leur indépendance, de la forme de leurs gouvernemens. Les uns, imitant Platon, tels que Morus et Hobbes, déduisoient de quelques principes généraux le plan d’un systême entier d’ordre social, et présentoient le modèle dont il falloit que