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la pratique tendît sans cesse à se rapprocher. Les autres, comme Machiavel, cherchoient dans l’examen approfondi des faits de l’histoire, les règles d’après lesquelles on pourroit se flatter de maîtriser l’avenir.

La science économique n’existoit pas encore ; les princes ne comptoient pas le nombre des hommes, mais celui des soldats ; la finance n’étoit que l’art de piller les peuples, sans les pousser à la révolte ; et les gouvernemens ne s’occupoient du commerce, que pour le rançonner par des taxes, le gêner par des priviléges, ou s’en disputer le monopole.

Les nations de l’Europe, occupées des intérêts communs qui les réunissoient, des intérêts opposés qu’elles croyoient devoir les diviser, sentirent le besoin de connoître certaines règles entre elles, qui même indépendamment des traités, présidassent à leurs relations pacifiques ; tandis que d’autres règles, respectées même au milieu de la guerre, en adouciroient les fureurs, en diminueroient les ravages, et préviendroient du moins les maux inutiles.