rale ; qui fit qu’un livre étoit lu dans un même pays par plus d’hommes foiblement instruits, et l’étoit moins en Europe par des hommes plus éclairés ; qui dispense d’apprendre la langue latine un grand nombre d’hommes avides de s’instruire, et n’ayant ni le temps, ni les moyens d’atteindre à une instruction étendue et approfondie, mais qui force les savans à consumer plus de temps dans l’étude de plus de langues différentes.
Nous montrerons que s’il étoit impossible de faire du latin une langue vulgaire, commune à l’Europe entière, la conservation de l’usage d’écrire en latin sur les sciences, n’eût eu pour ceux qui les cultivent, qu’une utilité passagère ; que l’existence d’une sorte de langue scientifique, la même chez toutes les nations, tandis que le peuple de chacune d’elles en parleroit une différente, y eût séparé les hommes en deux classes, eût perpétué dans le peuple les préjugés et les erreurs, eût mis un éternel obstacle à la véritable égalité, à un usage égal de la même raison, à une égale connoissance des vérités nécessaires ; et en arrêtant ainsi les progrès de la masse de