Aller au contenu

Page:Condorcet Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain.djvu/282

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
(274)

titutions elles-mêmes, et de séparer ce pouvoir de celui de faire des lois.

Mais dans la guerre qui s’élevoit entre deux peuples éclairés, dont l’un défendoit les droits naturels de l’humanité, dont l’autre leur opposoit la doctrine impie qui soumet ces droits à la prescription, aux intérêts politiques, aux conventions écrites ; cette grande cause fut plaidée au tribunal de l’opinion, en présence de l’Europe entière ; les droits des hommes furent hautement soutenus et développés sans restriction, sans réserve, dans des écrits qui circuloient avec liberté des bords de la Néva à ceux du Guadalquivir. Ces discussions pénétrèrent dans les contrées les plus asservies, dans les bourgades les plus reculées, et les hommes qui les habitoient furent étonnés d’entendre qu’ils avoient des droits ; ils apprirent à les connoître ; ils surent que d’autres hommes osoient les reconquérir ou les défendre.

La révolution américaine devoit donc s’étendre bientôt en Europe ; et s’il y existoit un peuple où l’intérêt pour la cause des