Page:Conférences inédites de l'Académie royale de peinture et de sculpture.djvu/102

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et de bronze que l’on élevait à l’honneur des hommes vertueux prenaient leurs formes et leurs proportions ; car l’on demeurera d’accord que les plus savants et les plus fameux sculpteurs n’ont trouvé la beauté de leurs contours et la justesse de ces proportions de leurs figures que par le moyen du dessin.

Et, pour tout dire en peu de mots, l’architecture et le dessin ne sont qu’une même chose, d’autant que le dessin rend le peintre et le sculpteur capables d’être architectes.

Je n’en veux pas d’autre autorité que celle qui fut prononcée dans le savant discours dont j’ai parlé. Car ce fameux ouvrier, qui proposa à Alexandre de faire sa statue du mont Athos, fit bien voir qu’il était sculpteur, puisqu’il proposa une statue plutôt qu’un bâtiment, et qu’il était peintre par la manière dont il usa pour se faire voir de ce conquérant ; car assurément il fallait être peintre pour inventer cette manière d’habillement qu’il prit : la peau du lion qu’il avait sur ses épaules et la massue qu’il tenait à sa main formaient comme un tableau qui, par son spectacle, arrêta Alexandre et qui donna le moyen à l’inventeur de faire entendre son dessein à ce prince.

L’on ne peut pas non plus douter que ce sculpteur n’entendît parfaitement les bâtiments, puisqu’il jeta le fondement de la ville d’Alexandrie.