Page:Conférences inédites de l'Académie royale de peinture et de sculpture.djvu/122

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sages qu’il faut s’attacher à bien peindre l’air qui est entre l’œil et les objets éloignés.

Il y a enfin de l’élégance dans la communication des couleurs et des lumières, au moyen des reflets qui concourent à l’harmonie avec les diverses couleurs des draperies et étoffes, auxquelles on donne les tons arbitraires qui conviennent à l’accord général, à l’exemple de Paul Véronèse qui en a fait cet excellent usage, joignant l’élégance des coloris à la grâce du pinceau.

Il n’est pas douteux que le peintre doit tâcher de répandre cette grâce sur ce qu’il peint comme sur ce qu’il dessine, imitant en cela le Corrège dont on a dit que le dessin, quoique incorrect, était tracé par les Grâces, et que le pinceau paraissait manié par la main d’un ange. Il est même important, pour être bon coloriste, d’avoir un pinceau gracieux, libre et léger, parce que les couleurs qui ne sont point trop agitées et tourmentées par une main pesante, en conservent bien mieux leur fraîcheur et leur vivacité, et les touches paraissent plus spirituelles et plus faciles. Car les hommes sont singuliers ; ils ne se contentent pas du bon : ils ne veulent pas sentir la peine qu’on a prise à le faire. Cependant on ne peut bien faire sans peine : mais l’artiste prudent, après avoir bien travaillé le dessous, peut cacher son travail par des touches libres, convenables au caractère des objets ; ces touches,