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meilleur effet, et selon la convenance du sexe, de l’âge et des conditions. La chair délicate des femmes, des enfants, doit être peinte différemment de celle des hommes : un Hercule n’est pas colorié comme un Adonis, ni Vulcain comme Apollon ; Vénus et les Grâces doivent être distinguées par la beauté des couleurs, comme par celle des traits du visage et des proportions du corps.

C’est alors qu’on exige, s’il est permis de le dire, l’élégance du coloris ainsi que celle du dessin ; cette élégance consiste encore dans l’heureux assemblage de plusieurs couleurs rompues, amies et voisines les unes des autres, qui, ayant de l’union et de la sympathie entre elles, sont soutenues par des couleurs fortes et brunes, comme dans la musique les sons doux et les accords sont soutenus par les basses. Il y a de l’élégance dans les passages insensibles d’un ton à un autre, dans la comparaison qui fait valoir les couleurs, dans les oppositions, dans ce qu’on appelle la perspective aérienne, qui n’est autre chose que l’altération des couleurs par l’interposition de l’air. Elle est plus ou moins sensible selon qu’il est plus pur ou plus épais, et se fait mieux remarquer en pleine campagne que dans un lieu fermé. Les divinités que l’on représente sur des nuages, et qui sont pénétrées de la lumière céleste, doivent en participer plus que les objets terrestres mais c’est surtout dans les pay-