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Page:Conférences inédites de l'Académie royale de peinture et de sculpture.djvu/126

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corps, comme ceux de l’esprit, ne veulent point de distraction ni de partage, et ne voient avec plaisir un tableau que quand le tout ensemble forme une espèce d’unité d’objet.

À l’égard de l’analogie des sens, je ne parlerai que de ceux de la vue et de l’ouïe. Si plusieurs personnes parlent séparément ou chantent différents airs dans un même lieu, il est certain qu’on ne sait auquel entendre et qu’on n’entend réellement rien. Si l’on jette les yeux sur une prairie émaillée de mille et mille fleurs, il est sûr qu’on n’en distingue précisément aucune, et qu’on ne voit qu’une masse brillante, mais confuse.

Reste l’uniformité des principes de toutes les parties de l’art. Je ne citerai que le principe le plus général qui est la nécessité du bon choix dans tous les objets visibles. Le compositeur doit choisir des sujets favorables et des dispositions heureuses, le dessinateur doit faire choix des plus belles formes ; on a vu que le naturel simple et pris au hasard ne suffit pas au coloriste ; pourquoi ne ferait-on pas un choix judicieux des lumières et des ombres pour les distribuer d’une manière avantageuse, et sur les objets particuliers, et sur la totalité de ces mêmes objets, pour en former un beau tout ensemble ?

Cependant si l’on suivait grossièrement et trop à la lettre le principe de la grappe de raisin, il en résulterait sans doute trop de ressemblance entre les