Page:Conférences inédites de l'Académie royale de peinture et de sculpture.djvu/165

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qu’il en ait, parce que l’on ne peut pas faire de son esprit ce que l’on fait d’un membre du corps que l’on ploie à sa volonté. Mais quant au génie, nous n’en tenons pas les rênes absolument pour le conduire où il nous plaît. L’auteur de la nature nous a donné le jugement pour le gouverner par des voies libres en lui proposant la belle nature pour l’objet principal de ses études. Il faut joindre à cela les belles manières de ceux qui l’ont noblement exprimée, qui nous peuvent échauffer et donner de l’imitation à tendre à la perfection. Mais ceux qui se veulent ainsi borner s’opposent à ce que toute la nature nous enseigne. Car se voit-il un seul homme ressembler à un autre ? Y a-t-il même des brutes, quoique d’une même espèce, qui se ressemblent ? Non certes. Pourquoi donc voulons-nous borner et avilir ce que Dieu nous a départi pour l’élever, et pour faire admirer, dans ce qu’il nous fait produire, l’abondance et la diversité de notre divin auteur, duquel procède tout ce qui est véritablement bien, de quelque nature qu’il soit ?

Mais afin qu’il ne semble pas que j’aille trop loin sur cette matière, et que je condamne trop durement ceux qui pourraient être engagés dans ces imitations, je ne prétends pas, Messieurs, qu’il ne soit pas permis à un élève de se proposer un habile homme, dont la manière se trouve conforme à son