Page:Conférences inédites de l'Académie royale de peinture et de sculpture.djvu/175

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me trouve obligé, Messieurs, de représenter à vos soins sur ce sujet que les étudiants penchent tous à charger indifféremment toutes les études qu’ils font après le modèle. Il est à craindre que se faisant un fond si opposé au bien, ils n’aient de la peine à s’en défaire, et ne trouvent en eux un sujet de combattre toute leur vie un vice qu’ils s’imaginent être la bonne manière.

Les études que l’on voit être faites par les grands hommes après le modèle suivent la nature en toutes ses belles parties, et chargent ensuite dans leurs ordonnances selon que les sujets le demandent, étant fortifiés par les études qu’ils ont faites après les belles antiques. Mais de souffrir que les étudiants chargent continuellement de leur propre caprice, avant de s’être rendus capables de le pouvoir faire avec raison, je laisse, Messieurs, au zèle que vous avez pour l’avancement de la jeunesse de résoudre en public sur ce sujet ce que vous avez souvent agité en particulier, et d’établir

    « Je dirai seulement que les figures me semblent traitées si noblement et si naturellement qu’il n’y parait rien d’outré et de chargé ou trop ressenti. Elles sont si libres et si dégagées qu’on y trouve une espèce d’âme et d’action convenable à l’expression au sujet. Le nu n’y est point maniéré par des contours pesants et purs ou trop affectés qui, au lieu de donner de l’agrément à la belle nature, y jettent de la difformité. Je crois que la Compagnie tombera d’accord que ce qui donne du mouvement et de la vie aux sujets, ce sont les proportions et mesures correctes, libres et sveltes, au lieu qu’étant trop chargés et trop prononcés ils deviennent matériels et pesants. »