Page:Conférences inédites de l'Académie royale de peinture et de sculpture.djvu/65

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cours, jamais la paix de l’Académie n’eût été troublée. Rien n’est plus faux cependant que cette impression, et il importe de l’établir ici très nettement, afin que le lecteur comprenne mieux la portée des paroles de Champaigne et de Blanchard, afin aussi qu’il se rende compte de la haute politesse avec laquelle, au XVIIe siècle, s’engageaient les plus vives discussions.

En réalité, la querelle du dessin et de la couleur est antérieure à 1671. Elle prit naissance le jour où Rubens trouva en France des admirateurs assez enthousiastes pour le comparer, sinon l’opposer, aux peintres Italiens et surtout à Raphaël. Il n’était même pas nécessaire de parler de Rubens pour éveiller la susceptibilité de certains artistes : Titien leur était suspect, et alors même qu’on le déclarait inférieur à Raphaël, ils craignaient qu’on se laissât séduire par la dangereuse « magie de son pinceau », par son trop « charmant coloris ». Il s’ensuivit qu’en face des amis de Poussin, Fréart de Chambray, puis Le Brun, se forma peu à peu un autre parti dont les plus fougueux défenseurs furent sans doute Roger de Piles et Gabriel Blanchard.

Lorsqu’en 1668 parut le poème de Dufresnoy sur la peinture, Roger de Piles s’empressa d’en donner une traduction accompagnée de longues remarques. Déjà le poème de Dufresnoy accordait au coloris