Page:Conférences inédites de l'Académie royale de peinture et de sculpture.djvu/66

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une part plus large que ne l’avaient fait Fréart de Chambray, l’ami de Poussin, et Perrault, l’ami de Le Brun, dans leurs ouvrages sur le même sujet ; sans être révolutionnaire, Dufresnoy devenait inquiétant. Roger de Piles, quelquefois assez dur pour Poussin, ne dissimula pas sa sympathie pour Titien et Véronèse, ou même pour Rubcns et Van Dyck ; ce fut un scandale ; à partir de ce jour, la guerre commenta ouvertement.

C’est certainement à ces discussions entre partisans et adversaires de la couleur, que Guillet de Saint-Georges fait allusion, lorsqu’il parle des événements qui obligèrent l’Académie à interrompre ses conférences, et s’emporte contre des « particuliers d’autant plus dangereux pour l’Académie, qu’ils venaient triompher dans le poste même qui avait été choisi pour les détruire[1] ». Cette phrase donne à entendre que, dans les réunions académiques, il y eut, au moment où parut le livre de Roger de Piles, quelques escarmouches. Roger de Piles n’était pas de l’Académie ; mais Blanchard en était, et la jeune école dut sans doute malmener un peu l’ancienne, selon l’éternelle coutume.

Dans ces conditions, l’ouverture de conférence du 12 juin 1671, dans laquelle Philippe de Champaigne, tout en louant le Titien, déclare que faire

  1. Mémoires inédits sur la vie et les membres de l’Académie Royale, t. I, p. 247.