Page:Conférences inédites de l'Académie royale de peinture et de sculpture.djvu/72

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terrasse d’un jaune clair derrière la tête de la sainte, qui est une couleur qu’on évite d’ordinaire d’opposer aux carnations. Cependant vous voyez ici que cette rencontre, où il joint encore un troupeau de moutons, ne nuit nullement à l’éclat de la belle couleur de la tête de ladite sainte, ce qui est sans doute un effet de la grande et surdominante étude qu’il faisait de la diminution des couleurs, qu’il observait avec une pratique si juste qu’il rendait ses tableaux comme une seconde nature.

L’on ne pourrait entreprendre de vouloir ôter cette surprenante qualité du charmant pinceau du Titien, sans faire une grande injustice et se rendre méconnaissant d’un don qu’il a eu si particulièrement du Ciel que nul autre ne l’a égalé. Il faut avouer qu’il était né avec ce génie, et jamais les autres qui n’ont pas eu en partage ce beau don de la nature comme lui, nonobstant tous leurs efforts, ne l’ont pu égaler.

Quant aux proportions et la correction des figures, il semble que ce n’était pas la partie qui l’a le plus occupé dans ce tableau : les jambes de la Vierge paraissent, à la vérité, courtes, et le contour depuis la ceinture de la sainte jusqu’au pied, fait un peu de peine, le ventre n’étant pas distingué. Ce sont bien des effets qui se peuvent rencontrer par les draperies qui souvent confusent le nu : les voulant imiter dans ces accidents, quoique l’on suive