Page:Conférences inédites de l'Académie royale de peinture et de sculpture.djvu/73

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la nature, l’on ne sait pas ce qui peut se trouver de beau en elle quand on le cherche bien. Il est vrai que cette recherche est ce qui donne beaucoup de peine, et comme c’est en elle que consiste l’une des plus belles parties du peintre, qui est la correction et la justesse des proportions, c’est aussi ce qui doit occuper le plus ; car cette partie est plus à acquérir par l’effort de l’étude qu’à l’attendre de la nature.

Car l’expérience nous fait voir, comme tout le monde en demeure d’accord, qu’il est vrai qu’il y a peu de peintres corrects, et il s’en trouve bien plus qui ont un beau faire en traitant les couleurs, parce que plusieurs s’appliquent naturellement à cette belle couleur par une pente qu’ils ont en eux-mêmes pour ce bel éclat extérieur qui leur touche le cœur. Ce n’est pas que cette partie ne soit très nécessaire mais l’étudier plus que le principal et en faire sa seule étude, c’est se tromper soi-même, c’est choisir un beau corps, se laisser éblouir de son éclat et ne se pas mettre assez en peine de ce qui doit animer cette belle apparence, qui ne peut subsister seule, quelque beauté qu’elle puisse avoir, parce que la beauté d’un corps ne fait rien à sa vie, si l’âme et l’esprit ne l’animent.

Pour justifier mon dire par l’exemple d’un des plus rares peintres de notre siècle dont les œuvres font l’admiration continuelle de la Compagnie, qui