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Page:Conférences inédites de l'Académie royale de peinture et de sculpture.djvu/84

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perfection que nous la supposons, représente toujours la vérité et que le dessin ne représente que la possibilité raisonnable. Car nous voyons très peu de corps dans les proportions que nous enseignent nos règles, et nous ne nous mettons point en peine si les corps sont réellement proportionnés d’un aussi bon goût et d’une aussi grande beauté que nous les dessinons, pourvu que cette beauté soit possible, au lieu que les yeux sont accoutumés à voir des coloris différents et qu’ils se plaisent même dans cette variété.

27. II. La seconde proposition que je vous ai avancée se prouve encore par la définition de la peinture, par laquelle je vous ai suffisamment fait entendre que la couleur est ce qui fait le peintre et le distingue de tous les autres.

28. L’homme a cela de commun avec les végétaux qu’il croît, avec les brutes qu’il sent, et n’est homme que par la raison ; et l’on peut fort bien dire que celui-là est plus homme qui se sert le mieux de sa raison. Le peintre a de commun avec tous ceux qui font profession des beaux-arts qu’il imite la nature, avec les sculpteurs et les graveurs qu’il dessine, et n’est peintre que par la couleur, de sorte que l’on peut raisonnablement dire que celui-là est plus savant peintre, lequel possède mieux cette partie de la peinture que nous appelons couleur et la sait mieux mettre en usage.