Page:Conférences inédites de l'Académie royale de peinture et de sculpture.djvu/94

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c’est en vain qu’on s’efforce de faire avoir de l’estime pour elle, puisqu’on en a autant qu’il en faut avoir, et l’on s’est trompé de dire que l’on veut faire le procès à la couleur ; il ne faut que se souvenir de ce que mon oncle a dit dans sa conférence pour détruire le fantôme qu’on s’est formé, puisqu’il semble n’avoir fait autre chose que le panégyrique de Titien, qu’on peut dire avoir été le prince des coloristes ; et s’il a dit qu’il ne faut pas que la jeunesse en fasse dans leur commencement leur unique étude, peut-on l’accuser pour cela d’avoir ôté le mérite de la couleur ? Non, sans doute, Messieurs ; je m’assure que vous tomberez tous d’accord que mon oncle a raison, et l’auteur même du mérite de la couleur en demeurera d’accord, puisqu’il dit que le dessin est le premier mobile de la peinture ; il est donc vrai de dire que les jeunes gens doivent premièrement s’appliquer à l’étude du dessin.

Dans le dernier article, il dit que la couleur est aussi nécessaire que le dessin ; c’est ce qui est absolument insoutenable, puisqu’elle ne peut plaire dans notre art qu’à mesure qu’on la soumet et qu’on la captive dans les règles du dessin en formant les objets, en sorte qu’on peut dire avec vérité que celui qui la dessine le mieux et qui la réduit le plus juste en sa place par l’effet du dessin est le plus savant coloriste et le plus savant peintre.