Page:Conférences inédites de l'Académie royale de peinture et de sculpture.djvu/98

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avec une couleur rouge ni du bleu avec du jaune. C’est pourquoi l’on peut dire que la couleur dépend tout à fait de la matière, et par conséquent qu’elle est moins noble que le dessin qui ne relève que de l’esprit.

On peut encore ajouter à cela que la couleur dépend du dessin, parce qu’il lui est impossible de représenter ni figurer quoi que ce soit, si ce n’est par l’ordonnance du dessin.

Elle ne peut pas même exprimer le moindre pli de draperie que ce ne soit le dessin qui lui donne la forme, tant son arrangement dépend de lui seul ; autrement il n’y aurait aucun ordre dans la distribution de la couleur, et les broyeurs seraient au même rang que les peintres, si le dessin n’en faisait la différence : car ils emploient des couleurs comme eux, et savent presque aussi bien qu’eux de quelle manière il les faut étendre.

Ainsi nous voyons que c’est le dessin qui fait le mérite de la peinture, et non pas la couleur.

Et s’il est vrai, comme nous avons dit, que le mérite de quelque chose est d’autant plus grand qu’il dépend moins d’une cause étrangère, il s’ensuit que le mérite du dessin est infiniment au-dessus de celui de la couleur, lequel tire tout son lustre du dessin. C’est pourquoi il ne la faut pas élever si haut, jusqu’à vouloir prétendre que c’est elle qui fait les peintures et les tableaux, et que, sans elle,