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Page:Congrès international des orientalistes - Verhandlungen des XIII internationalen Orientalisten-Kongresses, Hamburg september 1902.djvu/339

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qui travaille au même but que nous-mêmes, je veux dire à l’émancipation de la femme musulmane.

Nous espérons que son dernier livre, intitulé « La femme nouvelle », aura pour effet d’améliorer la position de la femme et d’apporter par là un progrès dans la société musulmane.

Kassime Émine Bey a entrepris de libérer la femme de l’esclavage et de l’ignorance dans lesquels elle végète en ce moment et de rapprocher ainsi la conception de la famille chez les mahométans de celles, si différentes, que s’en font les Européens. Il a formé dans ce but un cercle de musulmans civilisés qui l’aident à propager ses idées. Il a publié plusieurs brochures qui sont consacrées à cette question et il a fondé quelques journaux qui vulgarisent la manière toute nouvelle dont il entend le rôle de la femme et ses devoirs dans la famille et envers la société.

Selon lui, la triste position de la femme est due à la législation musulmane qui ne lui reconnaît presque aucun des droits humains ; la femme mariée dépend (comme vous le savez) entièrement de son mari, et la jeune fille est une créature serve de son père ou de son frère aîné.

La femme musulmane n’est donc jamais libre, à quelque moment de sa vie qu’on la considère.

Les législateurs musulmans l’ont faite esclave ; elle est demeurée telle.

Cela fait dire à Kassime Émine Bey que le droit musulman n’a jamais connu la famille dans le vrai sens de ce mot, et n’a jamais compris le rôle important qu’elle doit jouer dans la société et dans l’État. Prenez, dit-il, un livre de jurisprudence musulmane, quel qu’il soit ; lisez-le : vous n’y trouverez pas un mot sur la famille et sur la place qu’elle doit occuper dans la construction de la société.

La célèbre « Préface » d’Ibn Khaldoun lui-même, est muette à ce sujet. Comme si la famille n’était pas le fondement de toute société !

Il s’en suit que la législation musulmane est bien loin d’atteindre à la perfection ; et de cela, du reste, nos légistes et tous les musulmans civilisés sont persuadés. S’il est vrai, — ajoute notre auteur, — que la civilisation musulmane s’est