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Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/128

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l’emploi de la machine à pédale ruine dans leur santé. Elles ne résistent guère au delà d’un temps très limité. Aussi les cliniques des hôpitaux ont-elles des statistiques lamentables : Une des jeunes femmes ouvrières eut, durant trois années consécutives, le chagrin de ne pouvoir conserver, au delà du cinquième mois, l’enfant qu’elle portait… Et ces faits se répètent journellement. Aussi l’Assistance publique est-elle surchargée de demandes. — La plupart des ouvrières mécaniciennes à Paris, travaillent dans la famille ; les parents les gardent de préférence chez eux. Mais hélas, elles ne sont pas mieux partagées pour cela, car, à peine à 14 ans, elles sont mises à la machine à pédale avant que la nature ait pu compléter son œuvre… Cette jeune organisation sera d’autant plus rapidement détériorée, rendue pour jamais, peut-être, impropre à la maternité… Cet état de choses, on le comprend, a de douloureux retentissements au foyer de l’ouvrier où la maladie, qui oblige à l’abstention forcée de travail, amène fatalement la misère.

C’est à Paris surtout, comme je l’ai dit tout à l’heure, que la machine à pédale est employée sur une vaste échelle. La province fait généralement usage de moteurs à vapeur. Il faut un remède à cette déplorable situation… Chacun le pensera. Il faut remplacer le moteur nuisible par un moteur inoffensif. Existe-t-il ? Je crois pouvoir répondre affirmativement ; grâce au concours d’un ami compétent, ce moteur est portatif, peu encombrant ; il reçoit l’impulsion par le calorique d’une lampe à huile ou à pétrole. Son prix est de 300 francs environ. Il s’agit de trouver cette somme ; elle est évidemment hors de portée des ressources de la plupart des ouvriers. Faut-il s’arrêter à cette difficulté, en présence de l’urgence de cette réforme et de la masse de souffrances qu’elle est appelée à faire disparaître ? Personne ne le pensera. Je cite un exemple : une de ces jeunes ouvrières, gravement malade, disait à son docteur : « Nous sommes cinq cents dans mon atelier, et il y en a deux cents dans l’état où je suis.

Dans sa sollicitude pour les classes ouvrières, la Chambre s’est occupée du travail des femmes. Elle en a limité la durée pour le jour, en supprimant celui de la nuit. Les intéressées, quoique adultes, mais toujours mineures, n’ont pas été appelées à se prononcer dans cette question, où il semble que leur compétence pouvait difficilement être mise en doute.

M’emparant de cette marque de sollicitude de la part du Parlement, je conclus en lui adressant un très chaleureux appel en faveur de ces travailleuses, afin que, pour sauver des milliers de jeunes filles, de jeunes femmes et de jeunes enfants, le Gouvernement et la Chambre veuillent bien consacrer des subventions pour l’acqui-