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Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/130

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ment ressentie par les esprits les plus modérés ou les plus optimistes, lesquels reconnaissent le mal, sans indiquer, il est vrai, de remède. Ainsi la limitation de la journée du travail pour les femmes a été presque votée dernièrement ; l’interdiction du travail de nuit l’a été.

Pourquoi le travail de l’atelier n’est pas désirable en principe :

Il brise la famille, nuit à l’éducation de l’enfant ; enlève tout réconfort moral à l’ouvrier, qui ne trouve de refuge que dans le cabaret.

D’ailleurs, cet état de choses n’est pas une solution : puisqu’il épuise la femme et pour un salaire dérisoire. Et ce salaire ne changera pas, si l’on n’aborde pas d’autres réformes plus importantes.

En présence de ces réformes d’un autre ordre à obtenir, réformes difficiles, doit-on éparpiller ses forces ?

Qu’on n’espère pas un grand résultat de l’instruction professionnelle, si étendue qu’elle soit, pour élever les salaires des femmes.

Cet avilissement des salaires reconnaît des causes indépendantes de l’infériorité professionnelle.

a) Un des motifs de cet avilissement, c’est l’encombrement des métiers, occupés par des femmes ; lequel aura toujours lieu de se produire avec les hommes pouvant être proscripteurs et monopolistes des professions (comme cela est arrivé de la part des typographes et des médecins des hôpitaux).

b) Un autre motif, pour que la femme soit moins payée, c’est qu’elle n’est pas une ouvrière libre, n’ayant pas même la disposition de ses salaires dans la famille, et ne jouant aucun rôle dans l’État ; et qu’un travail en quelque sorte servile ne peut avoir la rémunération qu’il mérite.

c) Par une conséquence spéciale de l’incapacité politique de la femme, son travail n’est pas protégé dans les conditions normales, ni par les traités de commerce, ni par les autres mesures intérieures qui n’en tiennent aucun compte : à preuve la concurrence du travail des prisons (couture principalement), ruineuse pour les ouvrières libres, dont personne n’a jamais songé à s’occuper.


Réfutation des objections

Ceux qui veulent étendre les métiers manuels des femmes disent qu’elles feront ainsi reconnaître leur valeur, et travailleront ainsi indirectement à reconquérir l’égalité dans la famille. Il peut y avoir du vrai dans cette assertion, quoique cela s’applique