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Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/207

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Ce n’eût été là qu’une trêve, mais les virus dont nous parlons, l’un d’eux du moins, auraient tôt ou tard produit leur fruit empoisonné.

Une femme, la Case de l’oncle Tom en mains, comprit mieux la question.

Mesdames, je vous en conjure, agissez ; mères, faites de vos enfants des prosélytes ; écrivains, créez la littérature de la justice, de la liberté, donc de la paix.

Avec nous répétez : Si vis pacem, para justitiam, modifiez la devise des économistes, dites : Laissez faire ce qui est bon, laissez passer ce qui est juste.

Cherchez vos arguments dans votre esprit et dans votre cœur ; lisez, enfin, comme disait notre amie, Mme Clémence Royer.

Tenez, voyez ce beau livre, la Guerre, de Vsévolod Garchine, et ensemble parcourons-en un court passage.

Ainsi qu’en agit en Russie cet écrivain, faisons, grâce à l’influence d’une littérature éclairée, prendre en France la guerre en horreur.

Pour cette œuvre de rédemption, c’est spécialement sur vous, Mesdames, qu’il faut compter.

Voici le passage dont je parle :

Le héros gît blessé, abandonné parmi les morts, auprès de l’homme qu’il a tué, et dont le cadavre putréfié l’empoisonne et l’épouvante :

« Le vent change à chaque instant, dit-il, tantôt me rapportant l’air frais et pur, tantôt me soufflant la terrible puanteur. Ce jour-là, mon voisin est devenu plus hideux que ne peut se représenter l’imagination humaine, et je fus terrifié lorsqu’une fois j’ouvris les yeux pour le voir.

« Il n’a plus de visage. La chair a glissé des os. Son sourire effroyable de squelette, ce sourire éternel m’apparaît plus repoussant et plus épouvantable que jamais. J’en frissonnai : C’est la guerre, me dis-je, ce squelette en uniforme, aux boutons luisants, voilà son symbole. »



La parole est donnée à Mme Ratuld.