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Page:Conon de Béthune - Chansons, éd. Wallensköld, 1921.djvu/8

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dit le Roux († en 1191 au siège de Saint-Jean-d’Acre). Conon de Béthune, notre trouvère, était le cinquième fils de Robert V et d’Adélaïde de Saint-Pol. C’est d’un frère aîné de Conon, Guillaume II, surnommé le Roux († en 1214), que descend, entre autres, le célèbre ministre de Henry IV, Sully. Depuis Guillaume 1er, grand-père de Conon, la maison de Béthune était apparentée à la maison de Hainaut et de Flandre, Guillaume ayant épousé Clémence d’Oisi, petite-fille d’Ade de Hainaut. Ainsi, Conon eut pour parents, entre autres, Baudoin IX, le premier empereur français de Constantinople, et ses successeurs sur le trône byzantin. Cette parenté contribua sans doute à le désigner pour les hautes dignités qu’il obtint à la suite de la quatrième croisade.

On ne connaît pas la date précise de la naissance de Conon de Béthune, qui doit se placer vers le milieu du XIIe siècle. De sa jeunesse, nous savons seulement qu’il eut pour « maître » dans l’art de « trouver », comme il nous l’apprend dans une de ses chansons (V, 51-52), son parent Huon d’Oisi[1]. La première mention du nom de Conon de Béthune se trouve dans une charte de 1180 (ou 1181) par laquelle Robert V, avec ses enfants Robert, Guillaume, Baudoin, Jean et Conon, octroie plusieurs donations et immunités à l’abbaye de Saint-Jean-Baptiste de Choques[2]. Vers la même époque, Conon a dû séjourner à la cour de France, puisque, dans une de ses chansons (III, 5-14), il raconte comment les « Français », la reine (Alix de Champagne) et son fils (Philippe-Auguste) en tête, ont blâmé son

  1. Il s’agit de Huon III d’Oisi, châtelain de Cambrai, qui prit en 1181-1182 le parti du comte Philippe de Flandre dans sa guerre contre Philippe-Auguste. On a conservé sous son nom un petit poème, le Tournoiement des dames (Raynaud, n° 1024, p. p. A. Jeanroy, Romania, XXVIII, p. 240 et suiv.), et une chanson lyrique (Raynaud, n° 1030, p. p. J. Bédier, Les chansons de croisade, Paris, 1909, p. 51 et suiv.).
  2. Voir Du Chesne, ouvr. cité, p. 132; preuves, p. 49.