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SUR LA PRÉSENTE EDITION.


français. S’il arrive quelquefois qu’une même leçon figure alternativement comme conservée et comme abandonnée, c’est parce qu’elle est citée alternativement (ainsi que la différence des renvois l’indique) d’après le texte champenois de Ville-Hardouin et d’après le texte picard de Henri de Valenciennes. En l’absence de toute indication contraire, le lecteur saura que j’ai suivi pour le premier texte l’orthographe du manuscrit A, et pour le second celle du manuscrit D, le plus ancien de la troisième famille.

Je dois expliquer pourquoi, tout en adoptant ce dernier manuscrit pour le texte de Henri de Valenciennes, j’y ai cependant introduit un assez grand nombre de variantes purement orthographiques. Je me suis aidé et autorisé tout à la fois d’un recueil de chartes origina les de la ville d’Aire en Artois, que j’ai pu étudier à loisir, grâce à l’obligeance de M. François Morand, juge à Boulogne-sur-Mer. Qu’il me soit permis de me féliciter ici de nos relations, nouées et entretenues par notre respectueux attachement à la mémoire de M. Daunou. Pour me rendre un compte exact du dialecte de ces chartes, j’y ai recueilli un certain nombre d’observations grammaticales, que j’ai coordonnées dans un mémoire destiné au recueil de l’Académie des Inscriptions, et publié d’abord dans le tome XXXII de la Bibliothèque de l’Ecole des chartes. 11 m’a été facile de reconnaître dans ces chartes toutes les formes d’orthographe qui, dans les manuscrits de la troisième famille, accusent le dialecte picard, orthographe qu’il fallait proscrire du texte de Ville-Hardouin, tout en la conservant dans celui de Henri de Valenciennes. Mais, comme plusieurs de ces formes caractéristiques sont plus constantes dans les chartes d’Aire, et que tel des manuscrits les abandonne là où tel autre les emploie, il m’a paru qu’il y avait avantage à se rapprocher des règles plus uniformes dont ces actes originaux me fournissaient des exemples certains. En un mot, j’ai modifié la langue des manuscrits de Henri de Valenciennes d’après les chartes d’une ville parlant le même dialecte, comme j’avais modifié celle des manuscrits de Joinville d’après les chartes de.sa propre chancellerie. Je me suis cru d’autant plus libre de recourir à ce procédé, d’ailleurs fort légitime, que je ne pouvais trouver un moyen de contrôle dans les manuscrits des deux premières familles, qui ne contiennent pas cette continuation des récits de Ville-Hardouin.

Enfin, j’ai relevé, à titre de renseignements accessoires, qui peuvent être utiles pour l’un et l’autre texte, quelques variantes contenues dans la compilation connue sous le nom de Chroniques de Baudouin d’Avesnes,