Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/183

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lieutenant n’a pas mis longtemps à trouver un ami. Un type qui ressemble fort à un vadrouilleur ; je les ai vus quitter le quai ensemble. »

Le tintamarre des coups de marteau et des calfatages indispensables ne troublait point le capitaine Mac Whirr. Dans la chambre de veille enfin remise en ordre, il écrivait une lettre ; le steward qui faisait la pièce, y découvrit ensuite des passages d’un intérêt si absorbant que par deux fois il faillit se laisser surprendre en flagrant délit d’indiscrétion. Mais cette même lettre quand elle parvint à Mme  Mac Whirr, dans le salon de sa maison de banlieue-est de Londres, lui fit étouffer un baillement. Pourquoi l’étouffait-elle ? Par respect pour elle-même sans doute, car il n’y avait personne d’autre dans la pièce.

Elle était à demi-étendue sur un fauteuil pliant en bois doré, recouvert de peluche, auprès d’une cheminée carrelée où flambait un feu de charbon ; des éventails japonais en ornaient le dessus. Élevant les mains elle jeta un coup d’œil las sur les nombreuses pages. Était-ce sa faute, après