Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/185

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle y aurait vu raconté que, entre quatre et six heures du matin le 25 Décembre, le capitaine Mac Whirr avait bien cru que le Nan-Shan avait atteint son heure dernière et qu’avec une pareille mer il perdait espoir de revoir jamais sa femme et ses enfants.

Voici ce que personne ne devait jamais connaître (une lettre est si vite égarée) personne au monde que le steward — qui, lui du moins, avait été vivement impressionné par cette révélation. Il en éprouva même le besoin de tâcher de faire comprendre au cuisinier qu’on « l’avait échappé belle », en affirmant :

— « Le vieux lui-même pensait qu’il ne nous restait guère plus d’une fichue chance d’en sortir.

— Qu’est-ce que tu en sais ? » demanda avec mépris le maître-coq, un vieux soldat. « Il a peut-être bien été te le raconter !

— Il m’a laissé entendre quelque chose de ce genre » répondit le steward payant d’effronterie.

— « Ta gueule. C’est à moi qu’il viendra