Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/191

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l’occasion de te voir de temps en temps. Nous ne rajeunissons pas… »

— « Il va bien, mère, » soupira Mme Rout en se secouant.

— « Il a toujours été un garçon fort et bien portant » dit placidement la vieille femme.

Le compte-rendu de M. Jukes fut par contre des plus complets. Son ami, dans le service de la navigation d’Occident, le communiqua généreusement à tous les autres officiers de son transatlantique.

— « Un type que je connais m’écrit pour me raconter une affaire extraordinaire arrivée à bord de son navire pendant ce coup de typhon dont on a parlé dans les journaux, il y a deux mois, vous devez vous en souvenir ? C’est la chose du monde la plus comique ! Vous allez voir vous-même ce qu’il en dit ; tenez, voici sa lettre. »

Il y avait dans cette lettre, l’exagération d’une fermeté d’âme indomptable et joyeuse. Jukes était de bonne foi, et ce qu’il en disait était vrai, du moins au moment où il l’écrivait. Il racontait