Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/190

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apprentissage dans une grande usine du Nord). Elle l’avait si peu vu depuis ; elle avait parcouru tant d’années, qu’il lui fallait maintenant retourner bien loin en arrière pour se le remémorer distinctement à travers la brume du temps. Parfois, il lui semblait que sa belle-fille parlait d’un étranger…

Mme  Rout fils était déçue.

— « Hum ! hum ! » elle tourna la page : « Que c’est vexant ! Il ne dit pas ce que c’est. Il dit que je ne pourrais pas comprendre. Je me demande qu’est-ce que cela pouvait bien être de si malin. Quel misérable de ne pas nous le dire ! » Elle continua sa lecture, sans faire d’autre remarque, et quand elle eut fini, se mit à contempler le feu.

Rout ne touchait que deux mots du typhon ; mais quelque chose l’avait poussé à exprimer un désir croissant d’avoir sa femme auprès de lui : « S’il n’y avait pas la question de ma mère, qu’on ne peut tout de même pas laisser, je t’enverrais l’argent de ton voyage tout de suite. Tu pourrais installer une petite maison ici ; j’aurais