Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/197

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» Voilà ce que me racontait cet imbécile. Pourtant le Père Rout m’a juré qu’il n’était jamais descendu que pour chercher un mouchoir propre.

» Quoiqu’il en soit, je bondis dans mes pantalons et volai sur le pont d’arrière. Effectivement on entendait passablement de bruit à l’avant de la passerelle. Quatre hommes étaient occupés sur l’arrière avec le maître d’équipage. Je leur passai quelques-uns de ces fusils que chaque navire a toujours soin d’emporter lorsqu’il voyage dans ces mers d’Extrême-Orient, et je les conduisis vers la passerelle. Chemin faisant je me cognai contre le vieux Rout qui suçait un bout de cigare éteint ; il paraissait ahuri.

— « Venez avec nous ! » lui criai-je.

» Et tous les sept alors, nous chargeâmes comme un seul homme, jusqu’au roufle. Mais là nous vîmes que tout était fini. Le vieux restait debout, ses grandes bottes encore tirées jusqu’en haut des cuisses ; il était en bras de chemise, car sans doute, ça lui avait donné chaud de se creuser ainsi la cervelle.