Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/33

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longues lettres à sa femme, qui, toutes, débutaient par ces mots : « Mon épouse chérie » et dont le stewart avait tout loisir de se repaître entre deux coups de plumeau donnés aux chronomètres, ou deux coups de balai au plancher. Les minutieux détails sur chaque sortie du Nan-Shan, intéressaient vraisemblablement le stewart beaucoup plus que la femme à qui ces relations étaient destinées.

Ces pages, interminablement pleines de la constatation laborieuse des seuls menus faits auxquels la conscience de Mac Whirr fut sensible, allaient retrouver Mme Mac Whirr dans la banlieue nord de Londres ; une petite maison avec un bout de jardin devant les fenêtres en saillie, un portique de décente apparence, une porte d’entrée avec des vitres de couleur dans un encadrement de plomb en imitation. Il payait quarante-cinq livres par an pour cela, et ne trouvait pas le loyer trop élevé, car Mme Mac Whirr (personne revêche, au cou décharné et aux manières prétentieuses) était de bonne naissance et avait connu des jours meilleurs ; on la considé-