Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/45

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de répondre à quelques simples questions au sujet des orages circulaires tels qu’ouragans, cyclones et typhons ; il faut croire que Mac Whirr avait répondu passablement puisqu’il commandait maintenant le Nan-Shan dans les mers de Chine pendant la saison des typhons. Mais il y avait longtemps de cela et Mac Whirr ne se rappellait plus rien de tout cela aujourd’hui.

Il était cependant conscient du malaise que lui causait cette chaleur moite. Il sortit sur la passerelle mais n’y trouva aucun soulagement à sa gêne. L’air semblait épais. Mac Whirr haletait comme un poisson hors de l’eau, et finit par se croire sérieusement indisposé. La surface de la mer avait le lustre ondoyant d’une étoffe de soie grise au travers de laquelle le Nan-Shan traçait un sillon fugitif. Le soleil, pâle et sans rayons, répandait une chaleur de plomb dans une lumière bizarrement diffuse. Les Chinois s’étaient couchés tout de leur long sur le pont. Leurs visages jaunes, pincés et anémiques ressemblaient à des figures de bilieux. Deux