Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/10

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— Laissez-moi tous en paix ! s’écria Châtillon, en s’arrachant des bras de ses compagnons. Je ne suis pas encore mort, messires ! Pensez-vous donc que les Sarrasins m’aient épargné pour que je vienne tomber comme un chien au fond d’un bois ? Non, de par Dieu ! je vis encore, et tu expierais sur-le-champ tes railleries, Saint-Pol, s’il pouvait jamais m’être permis de me venger sur toi !

— Allons, allons, du calme, reprit Saint-Pol. Tu es blessé, mon bon frère ; le sang coule à travers ta cotte de mailles.

Le comte releva la manche de son bras droit et s’aperçut qu’une branche lui avait légèrement entamé la peau.

— Ce n’est rien, dit-il, une simple égratignure !… Mais ce ne peut être sans intention que ce damné Flamand nous conduit par cet horrible chemin ! J’éclaircirai cela… et que je perde mon nom si je ne fais pendre le traître à une branche de ce chêne maudit…

Le Flamand, ainsi interpellé, ne fit aucun mouvement. Il semblait ne pas comprendre la langue française ; mais il leva les yeux et regarda hardiment Châtillon en face.

— Messires, s’écria le chevalier, voyez donc le regard insolent de ce manant ; viens ici, misérable, approche !

Le jeune homme s’approcha lentement, sans baisser un seul instant les yeux ; mais une expression