Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/105

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contestée, ils espérèrent que Philippe changerait l’état des choses dans leur pays et qu’il les rétablirait dans leurs anciens droits et priviléges. De là vint qu’ils favorisèrent les entreprises de la France, contre la Flandre, et c’est alors qu’ils reçurent la qualification déshonorante de léliards. Ces derniers se trouvaient très-nombreux à Bruges, la ville, avec Venise, la plus commerçante et la plus riche de cette époque ; les bourgmestres et les membres de l’administration de la commune eux-mêmes, nommés sous l’influence de la France, étaient tous des léliards[1].

Ils apprirent donc avec joie l’arrestation du comte et des nobles qui lui étaient demeurés fidèles, puisque la Flandre devenait la conquête et en quelque sorte le domaine de Philippe le Bel, celui-ci pouvait, par sa seule volonté, anéantir les lois et priviléges établis.

Le peuple, au contraire, reçut avec la plus grande consternation la nouvelle des violences commises à Compiègne ; l’affection qu’il avait toujours portée à ses comtes se trouva encore ravivée par la compassion, et elle éclata en murmures contre la violation de la foi jurée. Mais les troupes françaises, qui occupaient le pays et la désunion qui régnait parmi les bourgeois des bonnes villes, découragèrent les klauwaerts irrités, et Philippe le Bel resta, du moins en apparence, paisible possesseur du patrimoine de Guy de Dampierre.

  1. Voyez la note page 90.