Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/106

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Revenons maintenant au château de Wynendael, où nous avons laissé la princesse Mathilde et le jeune Adolphe de Nieuwland blessé.

Dès que la triste nouvelle parvint en Flandre, Marie, sa sœur, se rendit avec une suite nombreuse à Wynendael et fit transporter son frère dans la maison paternelle, à Bruges. La jeune Mathilde, si cruellement séparée de toute sa famille, suivit cette nouvelle amie et quitta le château dont une garnison française avait déjà pris possession.

La demeure patrimoniale de la famille de Nieuwland était située dans la rue d’Espagne, à Bruges. Deux tours rondes, surmontées de leurs girouettes, flanquaient la façade, dépassaient le toit et dominaient tous les édifices environnants : deux pilastres en pierre de taille, et d’architecture grecque, soutenaient la voûte de la porte couronnée par l’écusson de Nieuwland avec cette devise au-dessus du cimier : Pulchrum est pro patriâ mori. De chaque côté de l’écu se tenait un ange tenant une palme en main.

Dans une chambre assez retirée, pour que les bruits incessants de la rue n’y parvinssent pas, Adolphe reposait sur un lit splendide. Sa pâleur était extrême, et les souffrances que lui avait causé sa blessure l’avaient tellement amaigri qu’il était à peine reconnaissable. Au chevet de son lit une petite cruche et une coupe en argent étaient posées sur une table. On voyait, suspendue à la muraille, la cui-